Altenstadt

Église Saint-Ulrich

Présentation

Église de plan basilical dont les trois nefs charpentées et la tour porche datent du 12e siècle. Les trois absides du chœur sont d’époques différentes (gothique au nord, du 19e siècle pour les autres). La nef romane se compose de cinq travées ouvertes sur les bas-côtés par des arcs en plein cintre qui reposent sur des piliers en pierre de taille. Ceux-ci, carrés à l’origine, ont vu leurs angles abattus (retaillés) pour leur donner une section octogonale. Remarquable : le linteau sculpté de sept médaillons représentant la main de Dieu au centre et, de part et d’autre, des agneaux, des motifs végétaux et des formes géométriques. Sur le linteau on peut lire l’inscription « J+HOC QUI COENOBIUM CUPITIS TRANSIRE DECORUM POSITE SUPREMAM ABBATIS VENIAM LIUTHAR(DI) SUBERAM » que l’on peut traduire par « Vous qui désirez franchir le seuil de ce beau couvent demandez-en toujours la haute faveur à l’abbé Liuthar » (abbé régisseur de l’abbaye de Wissembourg de 1002 à 1032).

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Lors des fouilles achevées en 1878, on a retrouvé, sous l’autel, une stèle gallo-romaine consacrée à une divinité. L’église paroissiale d’Altenstadt fut donc construite à l’emplacement d’un sanctuaire roman. Altenstadt se situerait sur le site romain de Concordia, fondé au premier siècle avant notre ère, à la frontière de l’Empire d’alors. L’histoire de la commune est liée à celle de l’abbaye et de la ville de Wissembourg.

De même que pour le Dompeter à Avolsheim, on considère que Saint-Ulrich est l’un des plus anciens sanctuaires chrétiens d’Alsace. Dans les deux cas il s’agit d’édifices romans du 11e siècle, remaniés dès le 12e siècle.

Saint-Ulrich est donc le fruit de plusieurs étapes de construction, dont deux datant de l’époque romane. L’édifice initial du XIe siècle, sans tour, avec un chevet peu développé, était constitué d’une nef à trois vaisseaux avec un transept non saillant. La tour-porche fut construite au cours du second tiers du XIIe siècle. L’ensemble du chœur, de la petite abside, de la sacristie (19e siècle) ainsi que la chapelle gothique (14e siècle) sont des adjonctions ou des reconstructions.

L’élévation de la tour massive de 7 m de côté est ornée sur les parties basses de bandes lombardes (frises d’arceaux horizontales et lésènes verticales). Le dernier étage, plus élevé, présente sur chaque face une ouverture rectangulaire et une baie géminée. Sur le porche, le linteau est décoré de médaillons encadrés par des rinceaux de fleurs. On y voit représentés la main de Dieu et deux brebis. L’inscription placée au-dessus fait référence à l’abbé Liuthard de Wissembourg, qui régissait l’abbaye au début du 11e siècle. On a parfois supposé que le linteau et le tympan sculpté avec l’agneau pascal pourraient provenir d’un autre monument de Wissembourg, mais le style du portail correspond tout à fait au mur dans lequel il s’intègre, et cet ensemble occupe vraisemblablement son emplacement d’origine.

On remarque sur les archivoltes des arcades et sur les piliers carrés des décors géométriques : des striures en forme d’arrêtes de poisson identiques à celles que l’on trouve à Murbach. Cette technique est apparue au 12e siècle seulement, ce qui semble indiquer que les maçonneries d’une grande partie de l’édifice auraient été reprises alors, à partir des fondations du XI° siècle.

La partie la plus ancienne de l’édifice, des 11e et 12e siècles, est le vaisseau à trois nefs rythmé par cinq travées. Les arcades séparant la nef centrale des bas-côtés reposent sur des piliers carrés. Cet ensemble est en pierre de taille, alors que les parties hautes sont faites en moellons, pierres à peine dégrossies qui devaient être recouvertes d’un enduit. Les baies de la haute nef ont retrouvé leurs proportions d’origine. Les plafonds, récemment refaits, à solives apparentes, correspondent à la technique de construction romane du XIe siècle.